Infographies – BNP Paribas s’est imposé en mai comme le champion de la collecte sur le périmètre des fonds européens, selon Morningstar. Aviva a en revanche mordu la poussière.
Le mois de mai a été difficile pour l’industrie de la gestion d’actifs. Les fonds domiciliés en Europe ont en effet subi une décollecte nette de 26,3 milliards d’euros. Les investisseurs ont retiré 15,8 milliards des fonds à long terme, et 10,5 milliards des fonds monétaires.
Entre le 1er janvier et le 31 mai, les véhicules européens ont perdu pas moins de 74,8 milliards d’euros ! Leur encours global est ainsi tombé à 12 657 milliards. Sur cette période-là, les principaux responsables sont les fonds monétaires. Leur décollecte a atteint 99,6 milliards d’euros. Alors que les autres véhicules ont collectivement attiré 24,8 milliards de flux positifs.
BNP Paribas au top
Cet environnement n’a pas empêché certains champions de réaliser une collecte nette positive (hors monétaire) sur leurs fonds domiciliés en Europe. En mai dernier, BNP Paribas a réussi à obtenir 6,3 milliards d’euros d’argent frais, après avoir traversé une période de vaches maigres au 1er trimestre. L’américain iShares a pour sa part reçu 4,3 milliards et le Suisse UBS 3 milliards.
Si BNP Paribas a principalement collecté par le biais de ses fonds actifs (5,46 milliards), les investisseurs se sont quasi-exclusivement rués sur les produits passifs d’iShares (4,35 milliards). Logique, puisque c’est la grande spécialité de cette filiale de BlackRock ! Mais les ETF ont aussi été plébiscités chez le généraliste UBS (3,03 milliards d’euros de flux entrants). Aucun autre Français ne figure dans le Top 10 de Morningstar.
Mais le palmarès est tout autre sur les cinq premiers mois de l’année. iShares s’impose alors comme le leader incontesté de la collecte, avec 28,7 milliards d’euros captés. Suivent de loin l’autre géant américain des ETF Vanguard (8,3 milliards collectés) et Mercer GI (6,4 milliards). BNP Paribas pointe à la 6e place, avec 5,2 milliards de flux entrants nets entre début janvier et fin mai.
Aviva à la peine
Du côté du Flop 10, les acteurs qui ont subi la plus forte décollecte sont Aviva (-6,4 milliards d’euros en mai), BlackRock (-4,7 milliards) et Lantern Structured Asset Management (-3,7 milliards). Axa figure à la 7e place du classement des gestionnaires les plus délaissés en mai, avec 1,6 milliard d’euros retirés de ses fonds européens non monétaires.
Dans le Flop 3, Aviva a surtout décollecté sur ses fonds actifs (-5,7 milliards d’euros), alors que BlackRock a principalement perdu des aficionados de produits passifs (-3,7 milliards). Idem pour le spécialiste des fonds indiciels cotés Lantern Structured AM (-3,7 milliards, soit la quasi-totalité de ses retraits).
La filiale d’Allianz, Pimco, a subi de plein fouet le détournement des investisseurs des marchés obligataires sur les cinq premiers mois de l’année. Elle a en effet vu s’envoler 15,5 milliards d’euros sur la période. Aviva a pour sa part perdu 5,4 milliards sur la période et BlackRock 5,1 milliards. Invesco se démarque en étant parvenu à capter 3,6 milliards d’euros dans le même temps. Collecte également positive sur cinq mois pour Lantern Structured AM.
Hémorragie dans les fonds obligataires
En termes de classes d’actifs, ce sont surtout les fonds obligataires qui ont bu le bouillon, plombés par la remontée de taux et le durcissement monétaire de la Fed et de la BCE. Sur le seul mois de mai, ils ont vu partir 16,5 milliards d’euros. Ce qui porte leurs retraits à 57,5 milliards d’euros entre début janvier et fin mai.
Les fonds de matières premières ont pour leur part perdu 1,6 milliard en mai et les fonds alternatifs 328 millions. Les fonds actions ont en revanche retrouvé des couleurs (2,9 milliards collectés en mai), de même que les fonds allocation (987 millions). Depuis le début de l’année, ces derniers sont d’ailleurs les leaders de la collecte, récoltant respectivement 41,2 milliards et 32,2 milliards.
Ruée vers les ETF
Du côté des styles de gestion, les fonds actifs ont battu à plate couture leurs homologues actifs. Les premiers ont en effet subi 21,3 milliards d’euros de retraits en mai, et 55,7 milliards sur les cinq premiers mois de 2022. Alors que pour leur part, les fonds passifs ont collecté respectivement 6,7 milliards et 82,7 milliards d’euros.
Dernier enseignement notable de l’étude de Morningstar, les investisseurs semblent avoir accru leurs exigences en matière de finance durable. Les fonds à long terme qualifiés d’Article 8 au sens du SFDR ont en effet enregistré une décollecte nette de 4,5 milliards d’euros en mai. Alors que les fonds Article 9 – plus contraignants en matière d’ESG – ont attiré 8,5 milliards d’euros sur la période. Un signal pas anodin alors que la SEC américaine durcit le ton en matière de greenwashing.