L’enquête annuelle de l’AFG sur l’épargne salariale et l’épargne retraite montre un reflux des fonds monétaires au profit des fonds actions qui s’est poursuivi en 2021.
Les épargnants français sont averses au risque dit-on. Que nenni ! A en croire le bilan réalisé par l’AFG en matière d’épargne salariale et d’épargne retraite, les deux tiers des flux enregistrés en 2021 ont pointé vers des fonds actions. « Ceci témoigne de l’appropriation de ces dispositifs par les épargnants dans un objectif de moyen-long terme », analyse l’Association française de gestion financière.
Ceci est d’autant plus vrai que la collecte brute, 16,3 milliards d’euros, en hausse de 200 millions d’euros par rapport à 2020, a été largement portée par les versements volontaires. Les salariés ont déposé quelque 3,65 milliards d’euros sur leur Percol, Perco et autre PEE en 2021. C’est un bond de 24% sur 12 mois. Surtout, cet afflux permet de compenser la neurasthénie observée sur la participation (-9% à 3,9 milliards d’euros) et l’intéressement (-8% à 5 milliards d’euros). « L’impact de la crise générée par le Covid-19 est sensible sur les primes d’intéressement et de participation, en raison des résultats des entreprises de certains secteurs d’activité, placées dans les plans d’épargne salariale et d’épargne retraite », souligne l’AFG.
Sur la répartition des encours, cette percée inexorable des fonds actions se fait au détriment des fonds monétaires. En huit ans, les premiers gagnaient 5 points dans la ventilation des encours d’épargne salariale. Les seconds perdaient 8 points. L’actionnariat salarié maintient, lui, la tête hors de l’eau grâce à la bonne tenue des marchés en 2021. L’encours grimpe de 16% par rapport à juin 2020 à 61,3 milliards d’euros, malgré une décollecte nette de 1,8 milliard d’euros.
Le Percol mate le Perco
Les encours globaux en épargne retraite et salariale atterrissent à 167,6 milliards d’euros au 31 décembre dernier. Un niveau historique.
Dans cet océan de liquidités, l’épargne retraite apporte sa pierre à l’édifice. Certes, Perco et PER collectif (Percol) ne représentent « que » 26 milliards d’euros d’encours. Très loin derrière les 141 milliards de l’épargne salariale.
Mais la dynamique est exponentielle avec une collecte brute de 3,4 milliards d’euros en 2021 (contre 3,28 en 2020), et une collecte nette de 2 milliards d’euros. Là encore les versements volontaires portent la dynamique. Ils grimpent de 38% à 958 millions, dont 324 millions d’euros pour les versements volontaires déductibles (+100%).
A l’instar de leurs concurrents assureurs, les gestionnaires d’actifs surfent sur la vague du PER lancée par le loi Pacte en 2019. L’encours du Percol dépasse d’ailleurs allègrement celui du Perco (14,8 milliards d’euros vs 11,2 milliards d’euros). Rien d’étonnant puisque la loi permet le transfert des seconds vers les premiers. En outre, il n’est plus possible de commercialiser de nouveaux Perco depuis le 1er octobre 2020. Ils peuvent toutefois continuer à être alimentés.
Amundi et le reste du monde
En matière d’épargne salariale, le monde des sociétés de gestion se divise en deux catégories. Amundi et les autres. La filiale de Crédit Agricole est assise sur 46% des encours gérés, soit 77,6 milliards d’euros. Son premier poursuivant, Natixis IM, qui vient d’annoncer les modalités de son retrait d’H2O AM, n’atteint même pas la moitié de ce chiffre (31 milliards d’euros).
Et le 3e, BNP Paribas AM, n’atteint pas la moitié du 2e (vous suivez ?) avec 14 milliards d’euros. A eux trois, ils concentrent 75% de l’épargne salariale, laissant des miettes au reste du marché.
Le vert à moitié plein
Enfin, l’AFG boucle son rapport sur une note de verdure. Elle rappelle que 50% des encours diversifiés, c’est-à-dire hors actionnariat salarié, sont responsables au sens de la réglementation SFDR. Sur ces 52,4 milliards d’euros, 83% sont placés dans des articles 8 et 17% sur des fonds articles 9.
Sur ce point, difficile de comparer avec les années précédents puisque le règlement SFDR est entré en application le 10 mars 2021. Il faudra donc attendre 2022 pour confronter les nombreuses annonces, à l’image de celles d’Axa IM, quant à la mise sur le marché de nouveaux fonds articles 9, bien plus contraignants sur le volet ESG.