Infographies – La France comptait 775 000 HNWIs en 2021, soit 61 000 de plus qu’en 2020. Mais dans quels autres ports les banquiers privés, CGP et family offices peuvent-ils croiser des millionnaires ?
A l’instar des marchés, les HNWIs (High Net Worth Individuals, c’est-à-dire les personnes dont le patrimoine dépasse 1 million de dollars) ont eu le vent en poupe en 2021. Selon le dernier rapport de Capgemini, leur nombre a crû de 7,8% pour atteindre 22,5 millions de personnes à travers le monde. Pour rappel, ils n’étaient « que » 20,8 millions en 2020… et 14,7 millions en 2014 !
La population des HNWIs a le plus grossi en Amérique du Nord, avec une hausse de 13,2%. Contrairement à l’année précédente, l’Europe a pris la deuxième place des zones géographiques enregistrant la plus forte progression (+7,8%). Le Vieux Continent détrône ainsi la région Asie Pacifique, dont le taux de croissance des HNWIs s’est limité à 4,2%. L’Europe reste toutefois à la troisième place en nombre de millionnaires, avec 5,7 millions d’individus, contre 7,2 millions en Asie Pacifique et 7,9 millions en Amérique du Nord.
10 fois plus de HNWIs aux Etats-Unis qu’en France
Mais où se situe la France dans le classement des pays où les HNWIs larguent le plus les amarres ? A la 5e place ! Leur nombre est passé de 714 000 à 775 000 entre 2020 et 2021, reflétant une croissance de 8,5%. Sans surprise, les Etats-Unis restent de loin le principal port de villégiature des millionnaires, avec 7,46 millions d’individus (+13,5% sur un an). Ils sont suivis par le Japon (3,65 millions, +3,2%), l’Allemagne (1,63 million, +6,4%) et la Chine (1,53 million, +5%). Places financières européennes de premier plan, le Royaume-Uni et la Suisse comptaient respectivement 609 000 (+6,3%) et 479 000 (+4,3%) grosses fortunes l’an dernier.
Le Top 25 des pays abritant le plus de millionnaires n’a en réalité par beaucoup évolué l’an dernier. Capgemini relève simplement que les Pays-Bas ont remplacé l’Italie à la 9e place du classement grâce à une hausse de 9,4% de sa population de HNWIs. Au coude-à-coude avec Amsterdam en 2020, Rome n’a pour sa part enregistré qu’une progression de 7,1% et passe à la 10e position. La Norvège et Hong Kong ont également échangé leurs positions, alors que la Belgique a fait son retour dans le palmarès.
Inégalités de richesse
Non seulement il y a de plus en plus de HNWI, mais leur fortune globale s’est aussi significativement accrue. Selon les données de Capgemini, celle-ci a gonflé de 8% l’an dernier, atteignant le niveau record de 86 000 milliards de dollars. Soit un patrimoine moyen de 4,13 millions de dollars par individu !
Mais ce pactole est loin d’être réparti de manière homogène. Les « Millionnaires Next Door » (entre 1 et 5 millions de dollars) représentent 89,9% de cette population (soit 20,18 millions de personnes) et détiennent 43,2% du patrimoine. La part des « Mid-Tier Millionnaires » (de 5 à 30 millions) s’élève à 9,1% (2,06 millions. Ceux-ci possèdent 22,8% de la fortune de l’échantillon. Champions incontestés, les « Ultra High Net Worth Individuals » ne sont que 1% (220 000 personnes), mais ils concentrent à eux seuls 34% du patrimoine des millionnaires.
En quête d’alternatives
Les banquiers privés, conseillers en gestion de patrimoine, family offices et certaines sociétés de gestion suivent bien sûr de près la clientèle des HNWIs pour leur proposer des produits et services d’investissement. En termes d’allocation d’actifs, les préférences de cette clientèle n’ont pas vraiment évolué l’an dernier. Les millionnaires répartissent toujours leurs encours à 29% dans les actions, à 24% dans le cash ou les « équivalents cash », à 18% dans la dette et les produits de taux, à 15% dans l’immobilier et à 14% dans les actifs alternatifs.
Cette dernière catégorie a tout de même réalisé une percée notable depuis 2018. Incluant les matières premières, les devises, les hedge funds, les produits structurés, les actifs digitaux ou encore le private equity, les placements alternatifs ne représentaient en effet que 9% de l’allocation de HNWIs il y a quatre ans. Porté notamment en France par des acteurs comme Siparex ou NextStage, le private equity a d’ailleurs battu des nouveaux records. Capgemini a en effet répertorié pas moins de 6 217 deals l’an dernier valorisés collectivement à plus de 1 000 milliards de dollars !
Au-delà du private equity, la montée des actifs alternatifs au sein des portefeuilles résulte aussi d’un intérêt croissant pour les actifs digitaux tels que les cryptomonnaies, les NFTs (non-fungible tokens) ou encore les produits liés au Métavers. Pour preuve, 71% des 2 973 investisseurs interrogés par Capgemini dans 24 pays déclarent avoir déjà investi dans des actifs digitaux ! Certaines sociétés de gestion ont bien entendu l’appel. Si Valérie Baudson n’a pas évoqué le sujet avec Hillary Clinton, Amundi a par exemple annoncé son intention de proposer des produits d’investissement liés aux NFTs.
Vogue avec les family offices
En dehors de l’allocation d’actifs, les HNWIs attendent surtout de leurs gestionnaires de patrimoine des offres plus personnalisées et numériques. Capgemini estime ainsi que les structures les mieux positionnées pour élargir leur clientèle sont celles capables de proposer des outils basés sur le cloud, l’intelligence artificielle, le machine learning et la technologie plus généralement. L’étude leur recommande également de soigner davantage la relation client. A ce titre, la nomination d’un chief customer officer s’impose comme un premier pas inévitable, d’après elle.
Pour l’instant, les investisseurs particuliers fortunés préfèrent majoritairement voguer avec des family offices plutôt qu’avec des banquiers privés ou CGP. C’est du moins ce qu’affirment 63% des sondés. Dans les faits, les HNWIs ne confient toutefois globalement qu’une petite part de leurs encours. Capgemini estime en effet qu’environ 10 000 family offices gèrent collectivement 8% de la fortune des millionnaires dans le monde, soit quelque 7 000 milliards de dollars.
Les « Mass Affluent » encore à quai
Pour conquérir de nouvelles parts de marché, le rapport recommande aux gestionnaires de faire « plus d’efforts » pour séduire des catégories de clientèle en plein développement, comme les femmes, les millennials, les personnes LGBTQIA+ et les fortunes issues de la tech. Mais aussi d’embarquer le segment juste en-dessous des HNWI : les « Mass Affluent ». C’est-à-dire celles et ceux dont le patrimoine est compris entre 100 000 et 1 million de dollars. Les gestionnaires de fortune ont de la marge pour progresser dans ce domaine : seulement 27% les considèrent aujourd’hui comme un « segment de clientèle ». Et à peine 36% explorent aujourd’hui des pistes pour leur proposer des services spécifiques.