Deux ans et demi après l’avoir acquis, Euronext revend Funds360 à FE fundinfo. Olivier de Bellescize, directeur général de l’ex-OPCVM360, revient sur ce changement de pavillon.
L’union entre Euronext et Funds360 n’aura même pas duré trois ans. L’opérateur de la Bourse de Paris revend le fournisseur français de données financières et extra-financières (fonds d’investissement, titres…) au britannique FE fundinfo. Euronext avait pris une part majoritaire au capital de l’ex-OPCVM360 en 2019. Il était depuis actionnaire aux côtés des co-fondateurs Jean-Baptiste Sicard et Olivier de Bellescize, ainsi que d’autres associés. FE fundinfo rachète l’intégralité du capital de Funds360, et Jean-Baptiste Sicard quitte la société à cette occasion.
Besoin de se recentrer
Le retrait d’Euronext survient après l’annonce de son plan stratégique 2024. Dévoilé en novembre dernier, celui-ci prévoit notamment un recentrage sur les « activités cœur ». Funds360 n’en fait manifestement pas partie. En revanche, l’opérateur boursier a cassé sa tirelire l’an dernier en rachetant la Bourse italienne (Borsa Italiana) pour 4,4 milliards d’euros. De fait, le groupe dirigé par Stéphane Boujnah a signifié il y a quelques mois aux dirigeants de Funds360 son intention de se séparer d’eux, entammant le processus de cession. « Nous avons rencontré plusieurs investisseurs potentiels et avons retenu l’offre la plus intéressante, notamment du point de vue des synergies industrielles », a indiqué Olivier de Bellescize à News Asset Pro.
Propriétaire un jour, client toujours ?
Le directeur général assure toutefois que la séparation se fait à l’amiable. « Nous nous quittons très bons amis, insiste-t-il. Euronext restera d’ailleurs notre client pour les flux de données sur les fonds et les informations relatives au règlement SFDR. » La société n’est pas très loquace sur les chiffres liés à l’opération. Le montant de la transaction est tenu secret, tout comme la valorisation de Funds360 et ses résultats financiers. Il est seulement concédé que son volume d’affaires a crû d’environ 35% depuis son passage sous le pavillon d’Euronext.
Fondé en 2011, Funds360 s’apprête ainsi à démarrer une nouvelle vie sous l’égide de FE fundinfo. Fournisseur de données et de solutions sur les fonds, les contrats d’assurance vie, les titres (actions, obligations, produits structurés…) ou la réglementation aux back-offices, il vise principalement les sociétés de gestions, les assureurs, les banques (notamment privées), les fintechs et les médias. « Nous avons actuellement une soixantaine de clients, parmi lesquels figurent de grands noms de la Place », précise Olivier de Bellescize.
Un réseau en construction
Avec ce rachat, FE fundinfo franchit pour sa part une nouvelle étape dans la construction de son réseau international de services technologiques et de données à l’industrie financière. Car en 2020, la maison-mère FE fundinfo (UK) Limited réalisait encore 91% de son chiffre d’affaires (environ 31,2 millions de livre sterling) au Royaume-Uni, pour un bénéfice net total proche de 1,7 millions de livres sterling.
Né de la fusion de Financial Express, Fundinfo et F2C en 2018, le groupe a accéléré sa conquête en acquérant l’an dernier la société danoise FundConnect. Il s’apprête en outre à mettre la main sur le fournisseur de services d’enregistrement et de réglementation des fonds luxembourgeois Fundsquare, auprès de la Bourse de Luxembourg. « Nous allons pouvoir explorer davantage de synergies avec les acteurs de cet écosystème, indique Olivier de Bellescize. Notre ambition est de devenir à minima un leader européen sur nos métiers de fournisseur de flux data et de solutions Solvabilité 2. » Et concurrencer ainsi des poids-lourds comme SIX Telekurs.
Chaises musicales
La quinzaine de collaborateurs de Funds360 va ainsi rejoindre un groupe comptant plus de 900 salariés dans 15 pays. Si l’équipe « data research/IT center » restera à proximité de Fontainebleau, les postes commerciaux pourraient rapidement rejoindre les nouveaux locaux parisiens de FE fundinfo, rue de Richelieu. Le groupe connait en tout cas pas mal de mouvements en ce moment. En poste depuis fin 2017, son directeur financier David Pearce a quitté la société le 11 mars dernier. Il exerçait aussi comme directeur général de la filiale française depuis avril 2021, à la suite du départ de Jan Giller.