News Asset Pro

Taux directeurs – La Fed envoie un nouvel uppercut

Aaaaaaah... je finirai par te mettre K.O. l’inflation !

Infographies – La Fed relève à nouveau de 0,75 point sa fourchette de taux directeurs ce 28 juillet. La banque centrale continuera sur sa lancée et accélérera aussi la réduction de son bilan en septembre.

Après avoir le 16 juin dernier pris place dans sa DeLorean DMC-12 pour retourner en 1994, la Fed a décidé d’appuyer sur l’accélérateur. La Réserve fédérale a en effet relevé de 0,75 point sa fourchette de taux directeurs à l’issue de sa dernière réunion. Celle-ci se situe ainsi entre 2,25% et 2,5% à compter de ce jeudi 28 juillet. « La banque centrale reste en mode lutte contre l’inflation, versant autant d’eau qu’elle peut sur les flammes inflationnistes des États-Unis », écrit Christian Scherrmann, économiste US chez DWS, dans une note d’analyse.

La priorité de Jerome Powell reste d’asséner suffisamment de coups à l’inflation pour enfin la mettre à terre. Le combat n’est pas gagné d’avance, puisque les prix à la consommation ont augmenté de 9,1% (en glissement annuel) en juin outre-Atlantique. Pour battre son adversaire, la Fed semble prête à faire tomber les États-Unis en récession. Perspective à laquelle ne croît toutefois pas Joe Biden, selon ses dernières déclarations. Sans surprise, le ton du gouverneur de la banque centrale est dans la lignée de celui du président démocrate. « Selon la Fed, le niveau actuel de son taux directeur (…) n’est pas un tueur de croissance : il ne soutient ni ne freine l’économie », poursuit Christian Scherrmann. Alors même que cette fourchette de taux est désormais au plus haut depuis décembre 2018.

La forward guidance, c’est has been

Si la Fed a commencé à durcir sa politique monétaire avant la BCE, Jerome Powell marche cette fois dans les pas de Christine Lagarde sur un aspect : la forward guidance. Ou plutôt la suspension de la forward guidance. Comme l’institution européenne le 21 juillet dernier, la banque centrale américaine a en effet cessé d’indiquer aux marchés l’ampleur de ses tout prochains relèvements de taux. Des deux côtés de l’Atlantique, les comités de politique monétaire prendront désormais leurs décisions « réunion par réunion », en se basant sur l’évolution d’indicateurs tels que l’inflation – évidemment –, la croissance économique et l’emploi (aux États-Unis).

S’il est resté évasif, Jerome Powell a tout de même laissé entendre que le rythme des hausses de taux pourrait ralentir cet automne. « Concernant la prochaine réunion du mois de septembre, si le signal pointe vers une baisse de régime et en particulier un passage de 75 pb [points de base] à 50 pb, nous pensons [qu’elle] pourrait être plus franche avec seulement +25 pb étant donné la détérioration des données économiques qui s’annonce », avance une analyse de Thomas Costerg, senior US economist chez Pictet Wealth Management.

Sortir le bilan de la catégorie poids-lourd

Les yeux des investisseurs seront en tout cas rivés sur le sommet des banquiers centraux de Jackson Hole prévu fin août. Nouvelles données économiques en poche, Jerome Powell pourrait en effet y apporter des précisions sur les futures hausses de taux. La Réserve fédérale a en tout cas acté une chose hier : la réduction de la taille de son bilan va accélérer.

L’institution a en effet confirmé le calendrier qu’elle avait annoncé en mai dernier. Celui-ci prévoit notamment de porter le “plafond de la réduction” du bilan de 47,5 milliards à 95 milliards de dollars par mois dès septembre. Mais même à ce rythme-là, il faudra attendre un bon moment avant que celui-ci ne retrouve ses niveaux pré-pandémie. Si tant est que ce soit possible…