Mirova, filiale de Natixis IM, et actionnaire d’Orpéa s’est fendu d’un courrier adressé au groupe de maisons de retraite. Il lui préconise notamment le passage en société à mission.
Orpéa est dans la tourmente depuis la publication du livre les Fossoyeurs. Le journaliste Victor Castanet y pointe les conditions de vie « déplorables » des personnes âgées accueillies dans les Ehpad du groupe. Des accusations contestées par Orpéa, mais qui n’ont pas empêché certains investisseurs de retirer leurs billes comme Sycomore Asset Management.
Pour l’heure, il n’est pas question de quitter le navire pour Mirova. La filiale de Natixis IM, qui a fait de l’investissement durable et socialement responsable son cheval de bataille détient ainsi 3,90% du capital d’Orpéa.
Dans un courrier rendu public ce lundi, le gestionnaire enjoint le président du conseil d’administration du réseau d’Ehpad à revoir son modèle et plus particulièrement à adopter le statut de société à mission. « L’adoption d’une raison d’être incluant la notion de ‘bien-traitance’ et d’objectifs sociaux couvrant une gestion responsable des RH permettrait d’ancrer définitivement cette notion d’intérêt public. La mise en place d’un comité de mission incluant à la fois des externes et des employés, des objectifs concrets associés à des critères de performance, et la publication d’un rapport de mission soumis à l’audit d’un organisme tiers indépendant, permettraient de garantir la mise en œuvre des moyens nécessaires à l’atteinte de ces objectifs », écrit notamment Jens Peers, CIO et CEO de Mirova US.
Indemnités de départ sucrées
Mais ce n’est pas tout. Mirova demande également des comptes sur la gestion de crise d’Orpéa. Elle exige entre autres de savoir à quelle date le groupe fut mis au courant que le livre de Victor Castanet était en cours d’écriture. Et par conséquent connaître les raisons du mutisme des dirigeants vis-à-vis de leurs actionnaires. La filiale de Natixis IM souhaiterait également que des représentants des salariés intègrent le comité RSE de l’entreprise.
Côté gouvernance toujours, Mirova enjoint Orpéa à sa doter d’un vice-président indépendant en attendant, à plus long terme, la dissociation des fonctions de président et de directeur général. Enfin, le gérant d’actifs « apprécie » la décision du groupe de suspendre le versement de toute indemnité de départ à Yves Le Masne, ex-directeur général d’Orpéa. Il avait été démis de ses fonctions de directeur général au lendemain de la publication du brûlot.
Le retentissement de l’affaire a très largement amputé la valorisation du réseau d’Ehpad. Le titre Orpéa, qui s’échangeait autour de 86 euros le 20 janvier dernier, clôturait à 32,19 euros lundi soir. Soit une chute vertigineuse de 62% en quelques jours. Mirova était entré au capital d’Orpéa en 2014 au moment où le prix de l’action oscillait entre 40 et 50 euros. Les deux autres opérateurs privés de maisons de retraite cotés sur Euronext Paris, Korian et LNA Santé, ont aussi pâti du scandale : leurs cours de Bourse ont plongé de respectivement 38% et 31% depuis le 20 janvier.