La guerre en Ukraine fait trembler les marchés financiers. Parmi les gestionnaires d’actifs spécialisés dans les marchés émergents, Gemway Assets a déjà réduit de 6% à 2,2% son exposition aux actions russes.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie secoue le monde, et les marchés financiers ne font pas exception. Les sociétés de gestion doivent composer avec de fortes turbulences, à commencer par celles qui sont très exposées aux marchés émergents. En France, c’est notamment le cas de Gemway Assets, spécialisé sur cette classe d’actifs.
Plus que deux actions russes en portefeuille
Contacté par News Asset Pro, son directeur général Michel Audeban confie que ses équipes n’ont pas attendu que la guerre éclate pour diminuer leur exposition à la région. “Nous avons dans un premier temps réduit la position russe de notre fonds Gemway Equity de 6% en octobre à 2,5% avant la crise, explique-t-il. Au 1er mars, ce véhicule est exposé à 1,2% à la Russie et à 0% à l’Ukraine, soit une exposition inférieure à celle de notre indice de référence [le MSCI Emerging Markets Free Index (dividendes nets réinvestis)].” Avant l’éclatement du conflit, le benchmark du fonds était également un peu plus pondéré sur l’ex-URSS que le Gemway Equity, à hauteur de 3,5%.
Gemway Assets compte aujourd’hui seulement deux titres russes dans le portefeuille de son fonds actions: le groupe gazier Novatek (deux tiers de son exposition à la Russie) et l’entreprise pétrolière Lukoil (un tiers). Pour contrebalancer cette exposition, aussi limitée soit-elle, Michel Audeban précise que ses équipes utilisent notamment comme hedge le géant pétrolier saoudien Aramco et le groupe pétrolier et gazier thaïlandais PTTEP. Tous deux profitent en effet de la hausse des prix énergétiques, exacerbée par les risques géopolitiques actuels.
Difficile de performer
La guerre menée par la Russie survient dans un contexte de marché déjà très chahuté par la remontée des taux d’intérêt, l’inflation et le durcissement imminent des politiques monétaires de la Fed et de la BCE. Comme tant d’autres fonds, Gemway Assets boit ainsi la tasse en ce début d’année.
Entre le 1er janvier et le 23 février derniers, il a perdu 10% de sa valeur, alors que le MSCI Emerging Markets Free Index (dividendes nets réinvestis) limitait son repli à 1,5%. Le vaisseau amiral de la société de gestion parvient tout de même à faire “moins pire” que son benchmark sur un an glissant : -17,4%, contre -22,2%. Heureusement, il se rattrape nettement sur trois ans. La gestion de convictions de ses gérants lui permettent en effet d’afficher une performance de 26,3% sur cette période-là, contre un gain de seulement 7,7% pour son indice de référence.
Un lancement compliqué pour GemBond
Le petit dernier de la famille Gemway Assets connait pour sa part un début de vie compliqué. Comme l’avait expliqué Michel Audeban sur le plateau de La Grande Interview de News Asset Pro, le GemBond se positionne sur la dette émergente. Or la société vient d’annoncer par le biais d’un “flash marché” que “des expositions aux dettes souveraines russes et ukrainiennes libellées en dollar ont été initiées dans le fonds les 26 et 27 janvier. À la suite de l’écartement des primes de risque observé sur les deux pays en début d’année, nous avons coupé notre sous-exposition en maintenant toutefois un positionnement relativement prudent au regard du contexte politique toujours incertain à l’époque. Au 23 février, le fonds était ainsi exposé à hauteur de 2,4% sur la Russie et 1,7% sur l’Ukraine contre 2,7% et 1,7% pour l’indice respectivement.”
Après la correction historique constatée sur les prix des obligations russes (-41,5%) et ukrainiennes (-44,6%) le 24 février, les expositions du Gembond au 25 février ne s’élevaient plus qu’à 1,36% en ce qui concerne la dette russe (contre 1,62% pour son indice de référence) et à 1% pour la dette ukrainienne (1% pour l’indice également).
Wait and see
Les gérants de Gemway Assets ne cèdent néanmoins pas à la panique. “L’ampleur de la correction constatée sur la séance d’hier sur les dettes internationales russes et ukrainiennes nous semble excessive. L’écartement des primes de risque sur les obligations russes (+890pb à 1398pb) a été bien supérieur à celui sur le marché dérivé des CDS (+470pb à 920pb). […] Dans ce contexte d’illiquidité avec des niveaux de valorisation à hier soir anticipant implicitement un taux de défaut de 23% sur la dette russe et 47% sur la dette ukrainienne, nous conservons nos positions.” Wait and see…