Par décret du président de la République, Marie-Anne Barbat-Layani devient la nouvelle présidente de l’Autorité des Marchés Financiers.
L’affaire était entendue. Elle est désormais officielle. Marie-Anne Barbat-Layani succède à Jean-Claude Hassan à la présidence de l’AMF. Ce dernier assurait l’intérim depuis le départ de Robert Ophèle dont le mandat s’achevait le 31 juillet dernier. Avant sa nomination, Marie-Anne Barbat-Layani devait se frotter aux parlementaires. La procédure impose en effet une audition au sein des commissions des finances des deux chambres.
Interrogée sur des conflits d’intérêt
A l’Assemblée nationale, la candidate fut d’ailleurs beaucoup questionnée sur les questions de conflit d’intérêt. « De 2007 à 2010, vous étiez directrice générale adjointe de la Fédération nationale du Crédit agricole, chargée de la direction des affaires financières, bancaires et européennes. De 2014 à 2019, vous avez été directrice générale de la Fédération bancaire française, de l’Association des banques françaises et de l’Association française des établissements de crédit et des entreprises d’investissement. Au cours de cette même période, vous étiez membre du conseil exécutif du Medef, et de 2016 à 2019, administratrice du mouvement Ethic. Votre parcours est fourni, à n’en pas douter, mais dans la période récente, il y a lieu de s’interroger sur ce mouvement entre le secteur privé et le secteur public », lançait ainsi David Guiraut, député LFI et rapporteur de la commission des finances.
« Mon passage par la Fédération bancaire française ne génère pas, en tant que tel, de conflit d’intérêts s’agissant de décisions qui porteraient sur des entreprises individuelles puisque, par définition, une fédération professionnelle représente l’ensemble des entités qui agissent sur le territoire français, et plus spécifiquement les banques françaises », répondait Marie-Anne Barbat-Layani. En revanche, elle pointait un « conflit d’intérêt direct » en raison de son mandat d’administratrice chez Dexia pour le compte de l’Etat. « Si votre commission et celle du Sénat confirment ma nomination, je serai bien sûr amenée à démissionner de ce mandat, mais compte tenu des délais prévus par la loi en matière de conflits d’intérêts, il est évident que je ne pourrai pas m’occuper de sujets relatifs à Dexia – ce sera un cas de déport direct », affirmait-elle.
Ça passe pour 6 voix
Ces réponses n’ont pas vraiment rassuré les députés. Sa candidature à la présidence de l’AMF obtenait ainsi 35 votes pour et 27 contre au sein de la commission présidée par Eric Coquerel. Or, comme le prévoit la loi, pour être validée, une nomination doit dépasser le seuil des 3/5 des suffrages exprimés dans les commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Par chance, elle décrochait 20 bulletins en sa faveur et 1 contre au Palais du Luxembourg, soit un total de 55 votes favorables agrégés entre les deux chambres. Pour 6 voix, sa candidature passait donc l’étape des commissions.
Malgré les remarques des élus à l’Assemblée nationale, la carrière de Marie-Anne Barbat-Layani est fortement marquée du sceau public. Elle la démarre en 1993 à la direction générale du Trésor. Diplômée de l’Ena, elle est alors adjointe au secrétaire général du Club de Paris. En 1995, toujours au Trésor, elle prend le poste d’adjointe au bureau énergie, mines, télécoms au sein du service de participation. Elle rejoint Bruxelles deux ans plus tard en tant que représentante permanente de la France auprès de l’UE. Au tournant des années 2000, elle fait un passage par le cabinet du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Puis elle retrouve le Trésor jusqu’en 2007.