Départ – Thierry Philipponnat a annoncé son départ du Collège de l’AMF en mettant en cause l’indépendance de l’institution. Ce coup de tonnerre survient juste avant l’arrivée de Marie-Anne Barbat-Layani à sa tête.
Thierry Philipponnat vient de jeter un sacré pavé dans la mare. L’un des fondateurs et chef économiste de l’ONG Finance Watch a annoncé avec fracas son départ du Collège de l’AMF ce mardi 25 octobre en fin de journée. Plutôt qu’un communiqué officiel bien sous tous rapports, il a choisi de publier un message cinglant sur Linkedin. Il y explique pourquoi il a remis sa démission hier à Jean-Claude Hassan, président sortant de l’Autorité.
Remerciements de rigueur
Au début, le ton est courtois. « Je suis membre du Collège de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) depuis neuf ans. À l’époque, l’AMF s’était donnée comme ambition, via son plan stratégique, de ”redonner du sens à la finance”. En tant que fondateur et dirigeant de Finance Watch je me suis immédiatement senti à l’aise avec cet objectif. »
Il rassure ensuite : « La pratique a été à la hauteur de l’ambition annoncée : je peux témoigner que l’AMF a, au cours de ces années, largement rempli sa mission de protection des épargnants, d’information des investisseurs, de gardien de l’intégrité du système financier et, in fine, de garant du respect de l’intérêt général dans le domaine qui est le sien. Ce furent de belles années, intenses et riches. »
Et le principal intéressé d’ajouter quelques bons mots pour ses désormais ex-collègues, qu’il qualifie de « professionnels remarquables ».
Changement de ton
Mais l’ambiance change radicalement dans la deuxième partie du message. « L’Autorité des Marchés Financiers a été conçue en tant qu’Autorité Administrative Indépendante. Ce statut est essentiel au bon accomplissement de sa mission. Autorité, elle doit l’être vis-à-vis d’une industrie financière qu’elle a comme mission de réguler et de superviser. Indépendante, elle doit l’être vis-à-vis de l’État dont la tendance naturelle, quelle que soit la couleur partisane des gouvernements qui se succèdent, est de vouloir faire passer sa volonté politique avant le respect des règles. Le bon fonctionnement d’une Autorité Administrative Indépendante comme l’AMF suppose de trouver le point d’équilibre pour travailler avec les entités supervisées et avec l’Etat sans subir une capture de la part des uns ou des autres. »
Et c’est là que le bât blesse. Car du point de vue de Thierry Philipponnat, « les conditions ne sont plus aujourd’hui réunies pour que l’Autorité des Marchés Financiers fonctionne effectivement comme une Autorité Administrative Indépendante. De façon importante, cette question dépasse de loin la gestion des conflits d’intérêts tels qu’ils sont définis par la loi : la capture des régulateurs est un phénomène insidieux. »
S’agit-il d’une attaque contre la nouvelle présidente de l’AMF, Marie-Anne Barbat-Layani, passée par Bercy, Crédit Agricole ou encore la Fédération bancaire française (FBF) ? Le tacle cible-t-il plutôt le gouvernement ? Ou les deux ? À ce stade, Thierry Philipponnat n’a pas répondu à nos sollicitations pour décrypter ce message. De son côté, l’AMF nous a indiqué qu’elle ne ferait « pas de commentaire ».