Amundi – La collecte accélère, le bénéfice net recule

Infographies – Après avoir récolté 20,5 milliards entre octobre et décembre derniers, Amundi a réalisé une collecte nette de 31,1 milliards d’euros au premier trimestre 2025.
« Ben alors, tu me suis plus ? » « Ben tu sais j’ai ce truc qui me plombe un peu en fait… mais ça devrait passer au prochain tour. » « Ah okay… »

Infographies – Après avoir récolté 20,5 milliards entre octobre et décembre derniers, Amundi a réalisé une collecte nette de 31,1 milliards d’euros au premier trimestre 2025. La « contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises » pèse toutefois sur le bénéfice net de l’asset manager dirigé par Valérie Baudson. Dans un environnement volatil, la filiale de Crédit Agricole prépare le lancement de nouveaux fonds dédiés à la défense… et un plan d’économies.

« Après une année 2024 record, Amundi a poursuivi sa dynamique très positive au premier trimestre 2025. » Valérie Baudson, directrice générale de la filiale de Crédit Agricole, n’a une fois de plus pas caché sa satisfaction lors de la présentation des résultats financiers de la société. Et pour cause, cette dernière affiche une collecte nette de 31,1 milliards d’euros entre janvier et mars derniers, marquant un plus-haut depuis 2021. « Celle-ci est provenue de l’ensemble de nos trois segments de clientèle, à savoir les particuliers [+6 milliards, NDLR], les joint-ventures [+3 milliards] et les institutionnels [+22 milliards], a poursuivi Valérie Baudson. Elle s’est par ailleurs révélée à la fois positive en gestion active avec plus de 6 milliards de flux nets entrants, et en gestion passive avec plus de 10 milliards collectés avec nos ETF. »

Collecte vs devises

Surtout, le numéro 1 européen de l’asset management en termes d’encours a bénéficié du gain d’un mandat de gestion indicielle actions de 21 milliards d’euros auprès du fonds de pension britannique The People’s Pension. De quoi lui permettre de présenter une collecte nette totale en hausse de 52% par rapport aux 20,5 milliards obtenus au quatrième trimestre 2024. Et supérieure de 87% aux 16,6 milliards glanés un an plus tôt. En matière de classes d’actifs, Amundi a bénéficié de l’intérêt des investisseurs pour ses produits « moyen-long termes » – c’est-à-dire hors monétaire et joint-ventures –, qui ont capté 37 milliards d’euros à eux seuls. Alors que ses « produits de trésorerie » ont, eux, fait face à 8,7 milliards de retraits nets.

Comme ils en ont pris l’habitude depuis un an, les encours de l’asset manager ont pour leur part atteint un nouveau record. Tout en ralentissant nettement la cadence par rapport aux trimestres précédents. Passant de 2 240 milliards à 2 247 milliards d’euros entre fin décembre et fin mars derniers, ils marquent en effet « seulement » une progression de 0,3% sur trois mois. Et de 6,2% sur douze. En cause, un effet de change négatif qui a lourdement pesé sur les encours. « La baisse du dollar américain et de la roupie indienne ont en effet fortement contribué à un impact de devises négatif de 24 milliards d’euros », a précisé Nicolas Calcoen, directeur général délégué d’Amundi. Pas de quoi compenser un « effet marché » limité à 2 milliards d’euros au premier trimestre 2025.

Mise à contribution (exceptionnelle)

De leur côté, les résultats financiers de la filiale de Crédit Agricole reflètent des couleurs un peu différentes selon leur présentation « ajustée » ou « comptable ». Dans le premier cas – qui « neutralise » des éléments tels que l’amortissement des contrats de distribution avec Bawag, UniCredit et Banco Sabadell, celui lié aux acquisitions d’Alpha Associates et d’Aixigo ou encore les coûts d’intégration liés à la transaction avec Victory Capital –, les revenus nets signent une progression de 10,7% en glissement annuel pour atteindre 912 millions d’euros au premier trimestre 2025. Le résultat net (part du groupe) « ajusté » ressort quant à lui à 303 millions d’euros sur la période, en repli de 4,5% sur douze mois.

En données comptables, les revenus nets atterrissent à 892 millions d’euros sur les trois premiers mois de 2025, en hausse de 10,9% sur un an et en baisse de 1% sur trois mois. Le bénéfice net (part du groupe) correspondant s’élève quant à lui à 283 millions, reflétant des replis de respectivement 6,6% et 19% sur ces périodes. Des reculs qui s’expliquent en grande partie par la mise en place de la « contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises » adoptée dans le cadre du projet de loi de finances 2025. « Nous estimons que celle-ci représentera un coût de 72 millions d’euros pour nous cette année, et les règles comptables nous imposent d’en comptabiliser plus de la moitié – soit 46 millions – au premier trimestre de notre exercice fiscal, explique Nicolas Calcoen. Cette charge devrait ainsi passer à 9 millions pour chacun des prochains trimestres. »

En position de défense

Après avoir notamment bouclé les acquisitions d’Alpha Associates et d’Aixigo et pris une participation minoritaire dans Victory Capital en échange de l’absorption d’Amundi US par ce dernier, l’asset manager français ne manquera pas de chantiers cette année. D’une part, il devra faire face à un contexte de marché volatile, marqué notamment par l’imprévisibilité de la géopolitique américaine. Imprévisibilité dont Valérie Baudson a toutefois tenu à relativiser l’impact sur l’activité du groupe jusqu’à présent. « Au plus fort de la volatilité le 8 avril dernier, nos encours ne reculaient que de 3%, avance la directrice générale. Ils ne sont aujourd’hui plus qu’en repli de 2% et notre collecte reste dynamique, notamment en France. La volatilité actuelle ne représente donc pas une source d’inquiétude pour nous. »

À l’instar d’autres asset managers, Amundi entend par ailleurs tirer profit de la rhétorique « guerrière » d’un nombre croissant de gouvernements pour étoffer sa gamme de produits. « Nous allouons déjà environ 10 milliards d’euros au secteur de la défense et nous prévoyons de lancer d’ici cet été de nouveaux fonds actifs et passifs pour investir dans cette thématique en Europe », indique Valérie Baudson.

La dolce vita ?

Sur le volet de la croissance externe, le gestionnaire réaffirme son positionnement de « consolidateur naturel » dans un marché marqué par le rachat imminent d’Axa IM par BNP Paribas – sans bénéficier toutefois du « compromis danois » – et le projet de joint-venture de Natixis IM et de Generali Investments. Mais aussi par les grandes manœuvres impliquant banques, assureurs et gestionnaires d’actifs en Italie, où l’avenir du partenariat entre Amundi et UniCredit avait donné de sueurs froides à plusieurs analystes en fin d’année dernière.

Là encore, la société française tente de rassurer les investisseurs sur ce motif d’inquiétudes. « Notre accord de distribution court jusqu’en 2027, les réseaux d’UniCredit nous apportent environ 100 milliards d’euros d’encours sur nos 2 247 milliards totaux et nous continuons de travailler efficacement main dans la main, assure Valérie Baudson. Rien que l’an dernier, nous avons organisé environ 3 000 rencontres avec les conseillers d’UniCredit et avons lancé près de 30 fonds ensembles. Cela montre l’étendue de nos relations. »

Attention à la marge

Reste que la dynamique commerciale de la filiale de Crédit Agricole pourrait par ailleurs potentiellement faire les frais du recalibrage – voire de la perte – d’un mandat de gestion institutionnel en Inde d’ici la fin de l’année. Le fonds de pension EPFO a en effet lancé un appel d’offres à ce propos, alors qu’Amundi a vu sa collecte nette retranchée de 11,6 milliards l’an dernier par la perte d’un autre mandat en Europe. « Nous ne pensons pas avoir plus de visibilité sur le résultat de cet appel d’offres en Inde avant la seconde partie de l’année, concède Nicolas Calcoen, tout en rappelant que ce mandat est « faiblement margé ». Un qualificatif déjà employé par Valérie Baudson à propos de ce dossier, tout comme pour le mandat européen perdu en 2024.

Interrogé sur la rentabilité de celui remporté auprès de The People’s Pension, le groupe ne reprend en revanche pas tout à fait le même langage. « Les marges de ce mandat-là sont supérieures, tout en restant restent faibles puisqu’il s’agit de gestion indicielle, souligne Nicolas Calcoen. Mais au-delà de son impact sur nos résultats financiers, il a l’intérêt de nous positionner comme un acteur capable de travailler pour un fonds de pension à contributions définies au Royaume-Uni, avec une prise en compte de critères ESG. »

Chasse aux coûts

En attendant de dévoiler son nouveau plan stratégique en fin d’année, Amundi vient par ailleurs d’annoncer un « objectif d’optimisation de [ses] coûts de 30 à 40 millions d’euros » à compter de 2026. Muet à ce stade sur les leviers que ce plan actionnera – notamment en matière de ressources humaines –, le gestionnaire d’actifs insiste en revanche sur le fait que celui-ci vise à « financer les investissements futurs et accélérer le redéploiement de [ses] ressources vers les piliers de croissance ». Piliers parmi lesquels figurent les ETF, la technologie, l’Asie ou encore les « plateformes digitales » pour la distribution pour compte de tiers.

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Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.