Jérome Powell, président de la Fed a annoncé, mercredi 16 mars, relever le taux directeur des Feds funds de 0,25 point. Six autres hausses devraient suivre en 2022.
« À la Réserve fédérale, nous sommes fermement déterminés à réaliser les objectifs de politique monétaire que nous a fixés le Congrès : emploi maximum et stabilité des prix », déclarait Jérome Powell, président de la Fed en conférence de presse mercredi 16 mars.
Maîtriser l’inflation à tout prix
Par conséquent et comme esquissé au mois de janvier dernier, la Fed relève sa fourchette de taux directeurs de 0,25 point pour la porter entre 0,25% et 0,50%. Comme beaucoup de pays, les Etats-Unis font face à une flambée des prix accentuée par le conflit opposant la Russie à l’Ukraine. « Nous comprenons qu’une inflation élevée impose des difficultés importantes, en particulier aux personnes les moins capables de faire face aux coûts plus élevés des produits de première nécessité comme la nourriture, le logement et le transport. Nous savons que la meilleure chose que nous puissions faire pour soutenir un marché du travail fort est de promouvoir une longue expansion, et cela n’est possible que dans un environnement de stabilité des prix », a poursuivi le président de la Fed.
Ainsi, selon le département du Travail américain, l’indice des prix à la consommation s’est envolé à 7,9% en février dernier en glissement annuel. En resserrant sa politique monétaire, Jerome Powell mise sur une inflation à 4,3% sur 2022, 2,7% en 2023 et 2,3% en 2024. L’objectif des 2% s’éloigne par rapport aux projections du mois de décembre dernier.
Jeu d’équilibriste
Pour accompagner ce retour à la stabilité des prix, la Fed envisage pas moins de six hausses supplémentaires de son taux directeur d’ici la fin de l’année. Il pourrait alors avoisiner les 1,90%. Dans les deux années, la Réserve fédérale estime le faire atterrir vers 2,80%.
Cette hausse sur l’exercice 2022 est plus élevée d’1 point à ce que le comité directeur de la FED avait envisagé au mois de décembre. La Réserve fédérale marche clairement sur un fil avec ce resserrement monétaire. Les perspectives de croissance outre-Atlantique ont été revues à la baisse par rapport à la fin de l’année dernière. De 4%, elles passent à 2,8% pour l’exercice en cours. Pour autant, « l’économie américaine est très solide et bien positionnée pour faire face à une politique monétaire plus restrictive », affirme Jerome Powell.
A cette politique de taux s’ajoute une stratégie de réduction du bilan de la FED. Le programme de rachat d’actifs s’est achevé la semaine dernière. Une période de vente de titres devraient s’ouvrir dans les prochaines semaines. Sur le calendrier et le volume, le président de la Fed a été avare en précisions.
La Fed rejoint la BCE sur ce point. Le 10 mars dernier, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait progressivement réduire la voilure sur les rachats d’actifs pour les éteindre définitivement dans le courant du 3e trimestre. En revanche, l’autorité maintient ses taux directeurs. « Toute modification des taux d’intérêt directeurs de la BCE se produira quelque temps après la fin des achats nets du Conseil des gouverneurs au titre de l’APP (asset purchase program) et sera progressive », déclarait le conseil des gouverneurs de la BCE le 10 mars dernier. Comme la Fed, la Banque centrale européenne a pour objectif de stabiliser l’inflation à 2%. Deux salles, deux guidances.