La FED, via son président Jerome Powell, envisage de relever ses taux dès le mois de mars prochain. La fin d’une politique monétaire accommodante lancée à la faveur de la crise sanitaire.
La réunion du comité de politique monétaire de la FED était attendue. Et ce mercredi, il a ouvert la voie à un changement de braquet. Certes, son président a annoncé maintenir les taux directeurs dans la fourchette de 0% à 0,25%, comme c’est le cas depuis mars 2020. Mais cette politique accommodante dispose désormais d’une date d’expiration. « Avec une inflation bien supérieure à 2% et un marché du travail vigoureux, le Comité s’attend à ce qu’il soit bientôt approprié de relever la fourchette cible du taux des fonds fédéraux », peut-on lire dans un communiqué publié par la Réserve fédérale. Par “bientôt” il faut entendre mars prochain.
La Fed procèdera par ailleurs à une dernière phase de rachat d’actifs au mois de février : 20 milliards de dollars en bons du Trésor et 10 milliards de dollars en titres adossés à des créances hypothécaires. Mais dès le mois de mars, elle fermera les robinets. « Le Comité a décidé de continuer à réduire le rythme mensuel de ses achats nets d’actifs pour les faire cesser début mars », avertit Jerome Powell. Le président acte ainsi la fin de la politique de quantitative easing destinée à soutenir l’économie en proie à des difficultés sous l’effet de la crise sanitaire.
Flambée des prix inédite
Aux Etats-Unis, malgré les craintes sur la “grande démission” – plus de 24 millions d’Américains ont quitté leur job entre avril et septembre derniers selon Bloomberg -, les indicateurs restent au vert sur le front de l’emploi. Le taux de chômage s’est établi à 3,9% au mois de décembre dernier. Un chiffre proche de son niveau d’avant crise (3,5%). Mais parallèlement, l’inflation s’envole aux quatre coins du monde et particulièrement aux Etats-Unis. En proie à des difficultés d’approvisionnement et à une flambée des prix de l’énergie, le pays voyait son indice des prix à la consommation bondir de 7% en 2021. Un plus haut depuis 1982. Or, « le Comité cherche à atteindre un taux d’emploi maximal et une inflation vers 2 % à long terme », rappelle la FED.
Bien que le FMI ait révisé à la baisse les perspectives de croissance aux Etats-Unis pour 2022 (4% contre 5,2%), la Réserve fédérale estime que les fondamentaux économiques (emploi et croissance) du pays sont suffisamment solides pour activer le levier de la politique monétaire destiné à contenir la flambée des prix. Le comité de politique monétaire se réunira les 15 et 16 mars prochains et dévoilera la nouvelle fourchette de ses taux. Une politique à l’opposé de la BCE qui a d’ores et déjà annoncé qu’une hausse des taux directeurs en 2022 était « improbable ».