Infographies – Les encours d’Eurazeo ont crû de 5% au 1er semestre 2022, portés notamment par une collecte de 1,79 milliard d’euros auprès d’investisseurs tiers. Mais le spécialiste des actifs privés a enregistré une perte nette de 96 millions.
Malgré la tempête sur les marchés, Eurazeo a tenu le cap au 1er semestre. Le spécialiste français des actifs non cotés a en effet réussi à faire croître ses actifs sous gestion de 5% entre début janvier et fin juin. À 32,53 milliards d’euros, ils affichent même une hausse de 27% en glissement annuel. Sur ce montant total, 32 milliards proviennent de l’activité gestion d’actifs, dont 74% du private equity, 20% de la dette privée et 6% des actifs réels.
Certes, la progression des encours a nettement ralenti par rapport à 2021. Mais comme le répétaient inlassablement nombre de sociétés de gestion – notamment les filiales des bancassureurs – lors de la présentation de leurs résultats annuels, il s’agissait d’un exercice fiscal « exceptionnel ».
Les investisseurs montent toujours à bord
La société dirigée par Virginie Morgon – qui voit déjà de nouvelles opportunités dans le contexte de crise actuel – a notamment bénéficié de l’appétit des investisseurs pour ses produits. Sur les six premiers mois de l’année, elle a effet levé 1,79 milliard d’euros auprès d’investisseurs tiers, dont 380 millions auprès de particuliers. Là encore, ces chiffres font pâle figure face à ceux du 1er semestre 2021 (2,42 milliards d’euros de collecte).
Mais ils sont nettement au-dessus de ceux des six premiers mois de 2020 (1,12 milliards), qui reflétaient une autre période de tempête (la pandémie). De surcroît, ces données reflètent un certain rééquilibrage de la demande du private equity vers la dette privée, tout en montrant un regain d’intérêt pour l’activité real assets.
Du carburant en réserve
De quoi permettre à Eurazeo de ne pas chômer pour déployer son argent et celui des autres. Le montant de ses investissements a atteint 2,9 milliards d’euros au premier semestre, contre 2,68 milliards un an plus tôt. En revanche, le contexte a poussé la société de gestion à réduire la voilure sur les cessions. Celles-ci ont ainsi plongé de 1,31 milliard à 707 millions d’euros entre les premiers semestres 2021 et 2022.
De ce fait, l’actif net réévalué (ANR) par action du groupe – quasi-exclusivement composé d’actifs non cotés – a baissé de 1,9% par rapport à fin décembre, tombant à 115,5 euros. Outre une diminution des cessions, l’ajustement de la valorisation du portefeuille de titres provoqué par le repricing plus global des actifs financiers a aussi pesé sur l’ANR. Autrement dit, les multiples de valorisation des entreprises ne sont plus ce qu’ils étaient !
Panne de profits
Ainsi, Eurazeo a enregistré une perte nette (part du groupe) de 96 millions d’euros sur la période. Contre un bénéfice de 464,5 millions un an plus tôt. Ce n’est vraiment pas la faute de la gestion d’actifs, puisqu’elle a contribué à hauteur de 44,1 millions d’euros aux résultats financiers d’Eurazeo au premier semestre (contre 93 millions douze mois auparavant, tout de même).
Les commissions de gestion ont notamment progressé de 30% en glissement annuel, à 181 millions d’euros. Les commissions de performance – émoluments pour lesquels l’AFG et l’AFTI viennent de mettre à jour leur guidelines – réalisées sont en revanche « peu significatives ».
Le principal coupable se trouve en fait dans la cabine de l’activité d’investissement. Sa perte nette a en effet atteint 161,3 millions, contre un profit de 459,6 millions entre janvier et fin juin 2021. Les revenus « liés aux plus-values de cession, à la variation de la juste valeur, aux dividendes et autres produits » sont à eux seuls passés de 593 millions d’euros à -68 millions d’euros en douze mois.
Droit vers l’horizon
Du fait de la teneur de ce début d’année, Eurazeo a augmenté ses réserves de poudre sèche (dry powder, c’est-à-dire les engagements non tirés auprès des investisseurs partenaires). Ce pécule a ainsi progressé de 4,7 milliards à 5,2 milliards d’euros entre fin décembre et fin juin.
Malgré les vents contraires, les dirigeants réitèrent leur confiance dans leurs perspectives. Pour preuve, ils confirment leurs objectifs dévoilés en mars dernier, qui incluent notamment l’atteinte de 60 milliards d’euros d’actifs sous gestion « à horizon 5 à 7 ans ».