Infographies – La Réserve fédérale américaine a remonté ses taux directeurs de 50 points de base. Une hausse deux fois plus élevée que la précédente. Et ce n’est que le début…
Après une première hausse de 25 points de base (pb ou 0,25 point de pourcentage) le 16 mars, Jerome Powell a mis les bouchées doubles ce mercredi 4 mai. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé de 50 pb sa fourchette de taux directeurs. Si ce tour de vis était largement anticipé par les investisseurs, il n’en reste pas moins inédit depuis… 2000 ! La fourchette de taux directeurs de la Fed se situe ainsi désormais entre 0,75% et 1%.
50 is the new 25 … or is it ?
Et ce n’est qu’un début ! Jerome Powell a confié que d’autres hausses de 50 pb sont « sur la table » ces prochains mois. « Cette accélération est due à l’inquiétude croissante de la Fed concernant l’inflation et les salaires », souligne une analyse de Thomas Costerg de Pictet Wealth Management. L’économiste rappelle opportunément que l’indice des prix à la consommation a atteint 8,5 % en glissement annuel en mars outre-Atlantique. Et que les salaires privés y ont augmenté de 5 % (sur un an) au premier trimestre.
Pour autant, le président de la Fed a tenu à rassurer les « colombes » en déclarant qu’il existait « une fenêtre » pour revenir à un rythme de 25 pb par réunion si l’inflation revenait « sous contrôle » et commençait « à baisser ». Il n’a en outre pas démontré d’enthousiasme pour une éventuelle hausse de 75 pb, comme le suggéraient les « faucons ». Les marchés anticipent aujourd’hui que la Réserve fédérale porte ses taux directeurs aux alentours de 2,75% d’ici fin décembre.
Un bilan à dégonfler
A cette forte remontée des taux s’ajoutera dès juin le début de la réduction du bilan de la banque centrale. Dans un premier temps, l’institution retirera 47,5 milliards de dollars de liquidités des marchés par mois. Avant de passer en septembre à un rythme mensuel de 95 milliards. L’ère du quantitative easing (assouplissement monétaire) touche bel et bien à sa fin. Reste à savoir jusqu’où la Fed sera capable de pousser son quantitative tightening (resserrement monétaire), tant son bilan est devenu colossal depuis la Grande Récession de 2008.
Surtout, de plus en plus d’économistes redoutent que le durcissement monétaire en cours fasse tomber les Etats-Unis en récession en 2023. Et ce, même si Vincent Manuel, chief investment officer d’Indosuez Wealth Management, relève dans une analyse que la Réserve fédérale s’est encore évertuée ce 5 mai à affirmer « sa confiance dans l’économie américaine malgré la contraction de 1,4% du PIB au premier trimestre 2022. » Qui vivra verra.