L’ACPR et l’AMF, les deux gendarmes de la finance, ont constaté la multiplication des annonces publiques des institutions financières en faveur du climat, mais soulignent un manque de transparence quant à leur exposition aux énergies fossiles et leurs objectifs pour respecter leurs engagements.
“Les institutions financières se doivent d’intensifier leurs travaux afin de prendre compte de façon plus robuste, plus transparente et plus homogène leurs expositions aux énergies fossiles”, ont appelé les superviseurs dans un rapport conjoint publié mardi. Neuf des 17 compagnies d’assurances et six des neuf établissements bancaires étudiés par les superviseurs ont publié de nouveaux engagements en 2020, assurent les deux autorités. “Il reste (…) difficile de recenser, de comparer et d’évaluer ces engagements qui ont des portées différentes et peuvent être mis en oeuvre de manière plus ou moins ambitieuse par les établissements”, arguent-elles.
Des niveaux d’ambition encore hétérogènes
L’ACPR, chargé des banques et des assurances, et l’AMF, qui supervise les marchés financiers, constatent également que “de nombreuses institutions affichent des engagements à long terme”, par exemple 2030 à 2040 pour la sortie du financement du charbon, ou 2050 pour l’objectif de neutralité carbone des portefeuilles. Ces dates d’échéances doivent “cependant s’accompagner de jalons précis et d’un échéancier contraignant dans le temps”. S’agissant des engagements collectifs “au travers d’initiatives nationales ou internationales”, les deux autorités saluent leur place croissante. Des progrès restent toutefois à accomplir “afin de communiquer de manière claire et transparente sur les objectifs et les modalités d’action” dans le cadre de ces engagements.
Concernant le charbon, les superviseurs saluent une mobilisation collective “réelle” mais remarquent des approches et niveaux d’ambition “encore hétérogènes d’un acteur à l’autre”. L’ensemble des banques et des assureurs ainsi que la plupart des grands gérants de la place financière affichent désormais une date de sortie du secteur du charbon généralement à 2030 pour les pays de l’OCDE et 2040 pour le reste du monde.
En revanche, “les préconisations formulées en 2020 par les Autorités en la matière sont encore peu appliquées”, soulignent l’AMF et l’ACPR. Les stratégies de sortie ainsi que les éventuelles étapes pour respecter les objectifs affichés sont rarement décrites, ajoutent-elles. A propos du pétrole et du gaz, les politiques sont encore peu développées parmi les acteurs non bancaires et se concentrent généralement sur certaines énergies non conventionnelles (comme les gaz de schiste), constatent les autorités. Elles restent, elles-aussi, “souvent imprécises”.