La Banque centrale européenne maintient ses taux directeurs inchangés. Ils pourraient être relevés. Mais pour savoir quand, il faudra attendre juin.
Malgré l’inflation galopante en Europe (7,5% dans la zone euro au mois de mars), la BCE ne change pas sa politique monétaire d’un iota. Jeudi 14 avril, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne a ainsi déclaré que « le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement et les taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal et la facilité de dépôt resteront inchangées à 0,00%, 0,25% et -0,50% respectivement ».
Pas de surprise donc du côté de Francfort qui maintient sa trajectoire détaillée au début du mois de février dernier. Le déclenchement de la guerre en Ukraine qui pèse « lourdement sur la confiance des entreprises et des consommateurs » perturbe « les échanges commerciaux » ou encore « réduit la demande et freine la production en raison de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières » n’aura pas fait vaciller la politique monétaire de la BCE.
Lagarde ne se rend pas
En réalité, l’institution fait face à deux injonctions contradictoires : une flambée des prix qui devrait inciter à augmenter les taux directeurs pour se rapprocher des 2% d’inflation ciblée. Et une croissance atone dans la zone euro. Sur ce point, les perspectives ne sont guère réjouissantes. « Plusieurs facteurs suggèrent une prolongation de l’atonie de la croissance au cours de la période à venir », a déclaré Christine Lagarde jeudi.
Pour autant, le positionnement de « colombe » de la BCE détone au regard de la prise de pouvoir des « faucons » au sein d’autres grandes banques centrales dans le monde. Et plus particulièrement à la FED qui a d’ores et déjà entamé la politique de relèvement de ses taux directeurs. La presse spécialisée s’est d’ailleurs fait l’écho de dissensions croissantes au sein du conseil des gouverneurs européens sur la politique à adopter en matière de taux directeurs.
Des perspectives floues
Christine Lagarde a laissé entrevoir un relèvement. Mais elle est restée particulièrement sibylline sur le calendrier. « Tout ajustement des taux d’intérêt directeurs de la BCE interviendra un certain temps après la fin des achats nets », a-t-elle déclarée. Un certain temps… après le mois de juin par conséquent, puisque ces achats nets d’actifs devraient progressivement s’éteindre au troisième trimestre. Comme en février, il est prévu 40 milliards d’euros d’achats nets en avril, 30 milliards en mai et 20 milliards en juin.
« Lors de la réunion de ce jour, le Conseil des gouverneurs a estimé que les informations disponibles depuis sa dernière réunion renforcent son anticipation selon laquelle les achats nets d’actifs au titre de l’APP devraient prendre fin au troisième trimestre », a indiqué la présidente de la BCE. Mais quand au troisième trimestre ? La question demeure.
Enfin, la banque centrale compte réinvestir les remboursements des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre du programme d’achat d’urgence face à la pandémie (PEPP) au moins jusqu’en 2024. Mais là encore la date pourrait changer. Bref, en avril, la BCE ne se dévoile pas d’un fil.