Réuni ce vendredi, le collège de l’AMF s’est penché sur le rôle de Dôm Finance dans le cadre du rachat d’actions d’April par le groupe Burrus. Une amende a été requise.
Bison Fûté voit rouge en ce vendredi de départ en week-end prolongé. L’AMF également. Le collège de l’Autorité des marchés financiers a requis une amende de 400 000 euros à l’encontre de la société de gestion Dôm Finance pour « défaut d’indépendance », rapporte l’AFP. Un grief qui fait mauvais genre pour une entreprise qui revendique justement son indépendance comme baseline.
A ses côtés, sur le banc des accusés figurent également le groupe d’assurance Afi Esca et son dirigeant Christian Burrus. Une amende de 1,4 million d’euros plane au-dessus de leur tête. Si tous se sont retrouvés devant l’AMF, c’est qu’ils font partie du groupe Burrus.
Dôm de discorde
Afin de comprendre ce que le collège reproche aux trois mis en cause, il faut remonter en 2018. CVC Capital Partners annonce son intention de lancer une OPA sur le groupe April. Ce courtier grossiste est installé à Lyon et coté à la Bourse de Paris. A l’époque, CVC vise le retrait de cote d’April. Pour cela, il doit acquérir au moins 90% du capital. Mais durant la période de pré-OPA, Afi Esca et Dôm Finance procèdent à l’acquisition de titres du courtier jusqu’à monter à hauteur de 9% du capital et empêcher le retrait de cote. Le 31 juillet 2019, CVC ne parvient ainsi à obtenir « que » 88,83% du capital.
Rappelant ce contexte, la rapporteure de la commission des sanctions et la représentante du collège de l’AMF estiment que le groupe Afi Esca et Dôm Finance ont agi de concert pour acquérir ces titres et bloquer le retrait de cotation. Elles ont apporté des preuves de l’influence de M. Burrus sur la gestion d’un fonds de Dôm Finance, dont les deniers étaient apportés à 100% par Afi Esca, ayant acquis plus de 2% du capital d’April.
Se défendant d’une immixtion dans la gestion de Dôm Finance, M. Burrus pointe que toute la gestion des titres d’Afi Esca avait été déléguée à Dôm Finance. Cela représente plus d’un milliard d’euros, via “un mandat de gestion global”. Ce dernier comprend “beaucoup d’obligations” dont des comptes-rendus de gestion quotidiens et la participation aux comités d’investissement hebdomadaires d’Afi Esca.
A peine plus que la plus-value
Considérant qu’Afi Esca et Dôm Finance ont agi de concert, l’AMF reproche aux sociétés de ne pas avoir déclaré le franchissement du seuil des 5% de participation cumulée au capital d’April, ni l’accroissement de plus de 1% de leur participation au capital depuis l’annonce de l’OPA future.
Pour savoir si les arguments de Christian Burrus ont porté, il faudra attendre quelques semaines et la décision de la commission des sanctions. Toutefois, l’amende requise représente à peine 200 000 euros de plus que les 1,2 million d’euros de plus-values dégagées lors de la revente des titres d’April à CVC à la fin de l’année 2019. Pas de quoi gâcher le week-end prolongé de la 105e fortune de France donc ?
Avec AFP
