Le portrait de Vincent Archimbaud (Tikehau Capital)

Vincent Archimbaud Tikehau Capital News Asset Pro

Vincent Archimbaud, head of wholesale Europe chez Tikehau Capital sera l’invité du Petit-Déjeuner de l’Asset le 19 mars prochain, organisé par News Asset Pro et Le Cercle LAB. La rédaction a brossé le portrait de cet amateur de sports nautiques et de musiques électroniques, initié à la finance par son grand-père.

Le 24 janvier 1975, Le Monde se penchait sur la chute du dollar sous l’administration Ford dans un article intitulé « une monnaie qui brûle les doigt ». Ce jour-là aussi, Vincent Archimbaud voyait le jour. S’il n’était pas conscient à l’époque de la place que prendrait la finance dans sa vie, cet enfant de Fontenay-Sous-Bois y a tout de même été initié relativement jeune. « Lorsque j’avais douze ou treize ans, mon grand-père m’a ouvert un compte-titres doté de 10 000 francs [environ 1 500 euros, NDLR] pour que nous réalisions ensemble des placements en actions et en obligations, se souvient notre invité du Petit-Déjeuner de l’Asset du 19 mars prochain. Nous avons ensuite pris l’habitude de nous retrouver le dimanche pour regarder nos performances et faire des arbitrages. »

Tour de France

Le jeune Vincent effectue la majeure partie de sa scolarité obligatoire à Nogent-sur-Marne. Son style ? « Faire juste ce qu’il faut pour passer confortablement en classe supérieure tout en passant du bon temps » avec ses amis. Il change toutefois radicalement d’environnement en seconde, lorsque sa famille s’installe à Marseille en cours d’année scolaire. S’il estime aujourd’hui que cette transition lui a « forgé le caractère », elle lui a aussi permis d’apprécier un cadre de vie « avec vue sur la mer ». Bac en poche, il se lance ensuite dans un BTS action commerciale. Avant de passer toute une batterie de concours d’écoles de commerce. « Mes résultats aux écrits m’ont permis d’être admissible à douze établissements sur treize, ce qui m’a conduit à faire une sorte de tour de France pour passer les oraux. »

Aux enchères

L’établissement qui retient finalement ses faveurs est l’ESC Bordeaux. Qui deviendra par la suite successivement Sup de Co Bordeaux, Bordeaux École de Management et Kedge Business School. « Après avoir hésité avec le marketing, j’ai alors opté pour une dominante en finance sur les conseils de ma famille. Elle trouvait – à raison – que cela me permettrait de concilier ma personnalité assez “commerciale” et mon intérêt pour les marchés. » C’est pourtant au sein d’une entreprise non financière que Vincent Archimbaud a effectué l’un de ses stages les plus marquants : Pernod Ricard. « J’y avais pour mission de développer la notoriété des marques du groupe, notamment en en faisant la promotion lors de festivals, de ferias ou encore de soirées étudiantes. »

Mais toutes les choses ont une fin et le jeune homme né sous le signe du Verseau allait bientôt devoir passer de la vie étudiante à la vie professionnelle à temps plein. En janvier 2000, il se prépare ainsi à un dernier stage chez Société Générale… lorsque BNP Paribas lui propose un CDI. La tentation est grande et Vincent Archimbaud se retrouve alors au centre d’un processus d’enchères. « En réponse à l’offre de BNP Paribas, Société Générale m’a en effet proposé de transformer mon stage en CSNE (coopération au service national en entreprise), ce à quoi BNP Paribas a répondu avec un autre CSNE. » Finalement, le cœur de Vincent Archimbaud penchera du côté de la banque de la Défense. Il faut dire que celle-ci lui proposait de passer ses seize mois de CSNE à Madrid. Contre au Luxembourg pour sa rivale.

Voyage prémonitoire

Gardant de vifs souvenirs de son exploration de la capitale espagnole, il y découvre surtout les rouages de l’audit chez Société Générale. Et convient que ce métier n’est pas fait pour lui. Bien heureux sera-t-il alors de rentrer en France en 2001 en se voyant confier la tâche de créer un nouveau département commercial dédié aux conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) chez Société Générale Asset Management. Son arrivée dans la société qui fusionnera neuf ans plus tard avec Crédit Agricole AM pour donner naissance à Amundi coïncidera peu ou prou avec une rencontre déterminante pour son avenir. Celle de sa future épouse, Anne-Charlotte, avec laquelle il échangera un premier regard lors d’un dîner au Comptoir du 7e.

En 2003, Vincent Archimbaud change de maison pour prendre de nouvelles responsabilités commerciales chez Axa IM. « Après les CGPI, j’ai ainsi pu découvrir d’autres types de clientèles, comme les asset managers, les family offices ou encore les banques privées. » Deux ans plus tard, il se marie et découvre la Polynésie française à l’occasion de son voyage de noces. Un séjour dont le passage dans l’atoll de Tikehau prendra une nouvelle signification une quinzaine d’années plus tard.

Avant cela, le chemin du désormais trentenaire croise à nouveau celui de Société Générale en 2006. Cette fois, il rejoint le groupe en endossant le costume de responsable commercial pour le spécialiste des ETF flambant neuf Lyxor AM. Qui passera, lui, sous pavillon Amundi en 2022. « Ce changement de poste-là m’a permis de découvrir de nouveaux produits tels que les hedge funds ou les fonds global macro, mais aussi de mettre un pied dans une banque d’investissement tout en conservant une dimension asset management. »

Rush hour(s)

De cette expérience, l’ainé d’un frère informaticien chez Natixis retiendra particulièrement une journée. « Le jour de mon anniversaire, mon téléphone s’est mis à sonner plusieurs fois vers 7h du matin et mon épouse m’a un peu disputé en me disant que mes amis auraient pu attendre avant de le souhaiter, se rappelle-t-il amusé. En fait, il s’agissait de mon supérieur qui me conseillait de venir au bureau le plus vite possible. De fait, le groupe nous a informé ce jour-là de l’affaire Jérôme Kerviel. » Après un passage d’un an chez Goldman Sachs Asset Management, Vincent Archimbaud rejoint en 2011 Citigroup Global Markets en tant que responsable des ventes des fonds UCITS. « J’ai cette fois-ci découvert l’ambiance compétitive et dynamique d’une salle de marché de 600 personnes. »

Après avoir exercé au sein de groupes français et américains, celui qui est aujourd’hui père d’une fille de 15 ans et d’une autre de 11 ans monte à bord d’une société de gestion suisse en 2014. En l’occurrence, Lombard Odier Investment Managers comme head of wholesale pour la France, la Belgique, le Luxembourg et Monaco. Cette histoire-là s’achèvera fin 2021, lorsque Tikehau Capital le recrutera en tant que head of wholesale Europe. « J’ai encore une fois pu élargir mon champ d’activité, à la fois avec de nouveaux pays et une large palette d’actifs non cotés. »

Vacances, j’oublie tout

N’ayant eu de cesse de découvrir de nouveaux horizons – tout en restant ancré dans le secteur financier –, Vincent Archimbaud partage le goût du voyage avec sa famille. S’il cite volontiers le Mexique comme étant l’une de leurs escapades les plus marquantes, il prend toutefois plus régulièrement la route de la Bretagne. Pourquoi se priver d’un week-end à La Baule lorsqu’on y a une résidence secondaire ? D’autant qu’au-delà de profiter d’une « vue sur mer » comme il en avait pris goût à Marseille, celui qui se définit comme « pas ultra-sportif » nourrit une passion pour les activités nautiques. Penchant qu’il partage également avec sa famille. « Mes filles et moi aimons par exemple beaucoup faire du ski nautique, du wakeboard ou encore du flyboard », confirme-t-il.

Le son des vagues n’est toutefois pas la seule musique à laquelle il aime prêter l’oreille. En témoignent les nombreux concerts auxquels il a assisté. « J’ai par exemple pu voir des artistes comme Paolo Conte, Vanessa Paradis, U2, les Rolling Stones ou encore James Brown. » Grand amateur de sonorités « club » – comme l’illustre sa playlist ci-dessous –, Vincent Archimbaud caresse désormais l’idée de, peut-être, se rendre un jour au festival belge Tomorrowland. En attendant, il s’attèle plus souvent à acheter des billets à la demande de sa fille ainée. Dont récemment pour aller voir Jul et Booba.

Sa recommandation littéraire

Le Piège Américain

Le piège américain, Frédéric Pierucci et Matthieu Aron. JCLattès (2019)

Qui le sait ? Depuis la fin 2014 la France a perdu une partie du contrôle de ses centrales nucléaires au profit des Américains. Je m’appelle Frédéric Pierucci et je me suis retrouvé, bien malgré moi, au cœur de ce scandale d’État. Ancien patron d’une des filiales d’Alstom, je connais les dessous de ce thriller à 12 milliards de dollars. Après avoir été longtemps contraint au silence, j’ai décidé, avec le journaliste Matthieu Aron, de les révéler.

En avril 2013, j’ai été arrêté à New York par le FBI et poursuivi pour une affaire de corruption. Je n’ai pas touché un centime dans cette transaction, mais les autorités américaines m’ont enfermé pendant plus de deux ans – dont quatorze mois dans une prison de très haute sécurité. Un véritable chantage pour obliger Alstom à payer la plus gigantesque amende jamais infligée par les États-Unis, et à se vendre à General Electric, son grand concurrent américain.

 

 

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Après des études en science politique entre Lausanne, Vancouver et Paris, Guillaume décroche son premier job de journaliste à la radio suisse LFM. Concomitamment, la crise des subprimes éclate et donne à ce fils de facteur l’envie de mieux comprendre le monde de l’économie et de la finance. Il rejoint en 2009 le magazine suisse d’asset management Banco, puis Option Finance, Le Revenu et News Asset Pro. Bien que Haut-savoyard, Guillaume ne sait pas skier.